Dernière étape après les volcans, la rivière Malkinskaya Bistraya. Nous y embarquons sur un raft pour trois jours de descente, avec armes et bagages, pour traverser la chaîne de montagnes centrale de la péninsule, en direction de la mer d'Okhotsk à l'ouest. Le but de cette dernière aventure, c'est bien-sûr de découvrir une nouvelle partie de la région, de naviguer sur ces eaux poissonneuses et transparentes, de bivouaquer en forêt, mais aussi et surtout, de rencontrer l'animal emblématique de la péninsule: l'ours. Bien-sûr pas de trop près, mais quand même, nous espérions en voir au moins un en liberté, dans son habitat naturel si généreux.

Eh bien notre voeux a été, exaucé. Et largement même. Après une première rencontre sur une berge, où l'animal nous a gratifiés de son souffle rauque, nous avons eu la chance de croiser une demi-douzaine d'autres ours. Qui faisant sa toilette, qui nageant au milieu de la rivière, qui promenant ses oursons et se dressant à notre approche pour nous dissuader de continuer (ça marche!). Un festival. Du coup, la nuit sous la tente, on tend l'oreille, et le moindre bruit suspect fait transpirer les pieds au fond du duvet: un ours brun curieux va-t-il vouloir ouvrir une fermeture-éclair de la tente? Le doux fumet de notre soupe de saumon va-t-il les attirer ou les repousser?

C'est finalement sains et saufs que nous arriverons au 'pont japonais', le seul point où la route rejoigne la rivière. A partir de là, le voyage a commencé à 'sentir la fin'. Retour cahotant jusqu'à la capitale, où une dernière salve de cartes postales a été achetée/écrite/timbrée/postée. Derniers achats de saumon fumé (7 kg!), crabe, vodka et autres douceurs, avant de s'acheminer vers un retour paisible et quasi familier: 4 vols, 3 escales, 30 heures de trajet jusqu'à Paris, bercées par le mugissement des réacteurs Soloviev et Kuznetov, assez de temps pour commencer à ressasser les souvenirs durement gagnés, qui feront le bonheur des longues soirées d'hiver.