Transoxiane 2002

La vie de
Yangiqazgan

 

Aujourd'hui nous sommes partis en jeep visiter le village de Yangiqazgan pour voir 'la vraie vie' comme nous dit Shokhrat. Nous avons tout d'abord visité le petit marché, ainsi que les trois minuscules magasins qui vendaient chacun un peu de tout, de la peinture aux cahiers de notes, des pyjamas aux jeux de cartes, et du backgammon aux autocollants de football. On y a fait quelques menus achats, avons salué les anciens qui jouaient aux dominos dehors en plein cagnard, et sommes partis visiter l'école du village voisin de Teri-Qoduq ('puit profond'), car à celle de Yangikasgan, il y avait une réunion avec les Aksakal (barbes blanches) et le Hakim (préfet) pour célébrer les 10 ans de sa construction.

Après avoir fait une longue route au milieu du désert le long du pipeline de gas, nous avons été reçu dans l'école Numéro 14 du district de Konimex par le directeur en complet et cravate. Il a fait sonner la cloche pour que les élèves regagnent leurs classes, et nous avons alors été invités à rentrer pour visiter le bâtiment et une classe. En pénétrant dans celle-ci, tous les élèves en uniformes se sont levés et nous ont salué en coeur: 'Es Salam Haleikum'. Nous avons donc été invités à leur poser quelques questions, ainsi qu'au directeur. Les élèves y répondaient en se levant. Ils nous ont montré qu'ils connaissaient la France: sa capitale, son président. Aux murs étaient placardées des citations de poêtes, de guerriers, et du président, ainsi que quelques photos en noir et blanc des anciennes promotions. Nous les avons remerciés et salués, et en sortant avons offert au directeur une chouette carte postale de Paris qui lui a faite bien plaisir. En passant nous nous sommes arrêtés au four communal sphérique dans lequel on cuit le pain plat en le collant directement à la paroi intérieure. On décore ce pain avec une espèce de peigne rond dessinant des motifs de soleil, de fleurs ou de spirales en pointillés.

Puis nous sommes rentrés par la route à la signalisation chargée (les soviétiques jugeaient sans doute bon de signaler tous les croisements, montées, descentes, virages et priorité au milieu du désert) toujours le long de la canalisation de gaz rouillées dans l'air vibrant de chaleur, pour aller manger chez notre hôte qui nous invitait en famille à manger le Jizâk: plat de fête consistant en de la viande et des patates frites dans du gras de mouton et de la vodka. Avant le repas, Régis a ouvert le bal en se faisant manger le doigt par la chienne de la maison qui attendait une portée: Première utilisation fructueuse de la trousse de secours toujours à portée de main... Mais après ça la nourriture fut fameuse, et la pièce sombre aux épais murs de pisé recouverte de gros tapis du sol aux murs était très fraîche. Après 6-7 vodkas, tout le monde s'est petit à petit endormi, et j'en ai profité pour causer avec Shokhrat et l'interroger sur les sujets délicats tels que les Talibans, les USA, le 11 Septembre, l'Arabie Saoudite, Massoud etc... (voir la fin du carnet où sont consignées les notes prises sur le vif avant que les brumes de l'alcool n'aient tout effacées).

Ensuite lorsque tout le monde s'est endormi, je suis sorti jouer avec les trois enfants sous l'oeil amusé de la maman qui vaquait aux tâches ménagères. Nous avons fait des dessins et des avions en papier, et ils ont essayé avec surprise et amusement mes jumelles, dont les deux côtés semblaient aussi fascinantes. Puis Etienne et Olivier nous ont rejoint après la sieste pour leur apprendre à faire des guirlandes en papier et des tours de magie qui ne marchent pas. Ce n'était pas grave, ça les a bien amusé quand même. Bref, une excellente après-midi, à peine troublée par l'appétit original de la chienne.

Puis il a fallu rentrer au camp à pied à travers les dunes et les broussailles, agréable chemin sous la lumière déclinante. A l'arrivée, luxe d'une douche, suivie de parties de cartes achetées le matin au village, écriture de cartes postales et repas. Ce soir, un groupe de touristes israéliens est arrivé, qui chantaient et dansaient des choses de leur pays, sans se préoccuper des belles mélodies et belles paroles de l'Akin Kzakh. Nous sommes partis un peu plus loin pour contempler la voie lactée, lumineuse comme on la voit peu souvent. La lune était rousse et buvait sur l'horizon.










 

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