Wow! Quelle arrivée! Quelle ville! En descendant au dessus du Kamchatka couvert d'éternels nuages, on découvre d'un coup la crête des volcans enneigés qui dépasse du brouillard. Autour de la magnifique baie d'Avacha, quasi fermée, qui défend la ville de l'océan Pacifique, s'alignent de nombreuses montagnes surplombées par les lambeaux de brume et les névés estivaux qui s'accrochent aux grands volcans. Quelques-uns fument par tous les temps, rappelant à chacun leur présence massive et discrète au dessus du ciel.

La capitale en elle-même, ex-ville militaire fermée jusqu'à récemment, n'est qu'un long ruban de béton de plus de 10 kilomètres de long sur 2 rues de large, épousant la forme de la rive nord de la baie. La rive sud est réservée à la base des sous-marins nucléaires. Barres d'immeubles délabrés, replâtrés, rafistolés, et ce à perte de vue, Petropavlovsk n'est pas très encourageante, surtout si on la découvre sous la grisaille morne, comme c'est quasi toujours le cas, ce qui ajoute un côté glubre (glauque+lugubre) des plus sinistres. C'est alors qu'on se dit: 'mais qu'est-ce que je suis venu faire dans cette galère?'. D'autant que l'atterrissage à l'aéroport militaire, au milieu des Migs (toujours à étoile rouge) et des casemates bétonnées, laisse comme un doute sur la vocation touristique de l'endroit.

Mais après quelques heures passées dans la ville, on découvre le marché, le port, la petite église aux clochetons dorés, le musée typique, et alors, il suffit d'un coin de ciel bleu pour qu'on s'y sente quasi chez soi. Et pour peu que l'on passe quelques semaines dans des coins isolés de la péninsule, le fait ne serait-ce que de parler de Petropavlovsk évoque instantanément le rêve de la grande ville, de la civilisation, routes goudronnées, lumières, lits... A l'image de la Russie, mais encore plus sous ces latitudes extrêmes (où plutôt longitudes), c'est une ville de contrates insensés, un peu toute seule tout de même, à la pointe de ce bout du monde.