Notre première escapade, pas tout à fait celle prévue, mais ici il faut savoir composer avec le temps et les gens: le volcan Avachinsky. Situé juste au nord de la baie d'Avacha (d'où son nom), ce très beau volcan conique dont le noir de la robe est marbré d'argent et parfois même de pourpre, domine la capitale et fume tranquillement les jours où le ciel est bleu, dans l'attente des nuages.

Nous nous sommes installés sur le col situé entre lui et son voisin occidental: le Koryaksky. Pas tout à fait au col en fait, notre camion (ou notre chauffeur) connaissant quelques surchauffes, nous avons planté les tentes entre deux névés, dans le large lit d'une rivière de fonte des neiges. Bien-sûr, il va sans dire qu'une fois le camp installé, et le camion nous ayant abandonnés pour redescendre dans la vallée recevoir quelques soins à coup de vodka, le niveau de l'eau de la rivière a commencé à monter régulièrement, obligeant à replanter quelques tentes et brûler quelques cierges. Dans la nuit la tente-cuisine s'est à moitié carapatée dans les eaux marrons roulant vers le Pacifique. Bref, au matin, c'étaient rescapés que nous étions, froids, humides et pleins de doutes.

L'ascension jusqu'au sommet, rallongée par la marche d'approche de plusieurs kilomètres dans la neige, s'est avérée impossible, d'autant que la pluie s'était mise à tomber, et qu'un brouillard blanc opaque était monté de la vallée sans crier gare. Chacun a rebroussé chemin à un moment donné, même notre Piotr national (genre de guide de haute montagne de grade 'bars', soit 'panthère des neiges', obtenu après 5 sommets de plus de 7000m), chaussé de ses bottes de pêcheur, de son bonnet de Cousteau et armé d'une tablette de chocolat, le tout pour affronter 2000m de dénivelé dans chaque sens...

Au camp, nous avons attendu le camion de secours sous les tentes battues par le crachin. Son arrivée a été saluée comme celle de l'archange Gabriel (bien que plus bruyante): on aurait été jusqu'à embrasser le taciturne chauffeur de remplacement. Redescente dans la vallée. Les volcans c'en est plein ici (y'en a à crever, comme dirait Régis), donc ce n'est pas parcequ'on a buté sur celui-là qu'on n'en gravira pas un correctement! Partie remise...