Esso, petit paradis au bout d'une si longue route. Ce village au doux nom de station service, nous l'avons atteint après douze heures de camion sous la pluie. Mais à l'arrivée, le bonheur: une belle datcha au milieu d'un immense potager. Le village bénéficie d'eau chaude naturelle, et les habitants en profitent pour chauffer de grandes serres qui viennent compléter la production de patates, choux, carottes, concombres et herbes variées de leur potager. Les datchas ne sont pas trop serrées, chacune avec son grand jardin, toujours très fleuri. Il y a quelques magasins, une pharmacie, une joli musée en bois, un très beau pont à guichet recouvert d'un bulbe, et une piscine municipale à 35 degrés, ouverte à tous en plein air, où l'on vient profiter des bienfaits des sources thermales chaudes pour pas un kopek.

Le village est situé dans une belle vallée, entourée des reliefs arrondis de collines couvertes de forêts. Au alentours, une large rivière, très poissonneuse vu le nombre de pêcheurs installés, et une taïga assez aérée, que nous avons découverte à cheval. A deux heures de la dernière maison, un beau petit lac d'altitude, le lac d'Ikar. Entouré de conifères, bouleaux et fleurs de saison, cet oeil bleu orné d'une petite île verdoyante est un havre de calme.

A Esso on découvre également la culture indigène. Ici les visages ne sont plus seulement caucasiens, mais également asiatiques. Les habitants historiques de la péninsule, Koriaks, Evènes, Itelmènes, essaient difficilement de conserver leurs tradition, de les transmettre aux plus jeunes et de les faire découvrir aux visiteurs. Le musée du village est pour celà très intéressant. Nous avons aussi assisté à une représentation (privée!) d'un groupe de folklore traditionnel. Bien que pris de quelques doutes sur la qualité du spectacle avant de nous y embarquer (attrape-touristes?), à peine commencé, nous avons été touchés par la grâce, la sincérité et la force de ces danses et chants. Les artistes y mettent leur coeur et leur âme, et même les plus jeunes - 10 ans - imposent le respect par leur application.

Esso, un petit endroit charmant, pays de cocagne malgré le très long hiver, aux forêts giboyeuses, à la nature grandiose mais généreuse, où il a fait bon vivre quelques jours au rythme tranquille de ses habitants.