Ce matin pour la douche, luxe suprème: des seaux d'eau chaude apportés par le room service. Ensuite pain kloug et route pour Kunye Urgench, ancienne capitale du Khorezm, et son minaret effilé de 60m de haut, ses monuments en forme de cones tronqués et de pyramides à 6 faces, ses mausolées antédiluviens. C'était l'ancienne capitale du tout puissant empire du Khorezm. Puis nous nous avons encore déjeuné seuls dans un restaurant pour la dernière fois au Turkménistan, où j'ai acheté une bouteille de vodka à l'effigie du Turkmenbashi en souvenir d'adieu, puis nous sommes partis pour passer la frontière et rejoindre l'Ouzbékistan tant attendu.
Nous avons passés lentement mais sans encombres la frontière, conduits cette fois à travers le No Man's Land. De l'autre côté nous avons retrouvé Shokhrat et Tohir qui ont avaient l'air bien fatigués par la route, mais contents de nous avoir récupérés. Régis était tout heureux d'avoir retrouvé un pays civilisé et normal! Nous avons toutefois du effectuer encore moultes formalités, heureusement que j'avais gardé une copie de la lettre d'invitation turkmène car il manquait un document au dossier pour pouvoir rentrer à nouveau. Enfin nous avons rejoint Khiva, dernière capitale du Kharezm, après une route au milieu des rizières. Le Khorezm était un ancien empire très prospère et puissant qui envoyait ses fruits jusqu'à Bagdad dans des caisses en plomb remplies de neige attachées sur les chameaux. Les Khorezmis ont repoussé les légions Romaines, Alexandre le Grand (à qui ils se sont ensuite alliés), et même Gengis Khan!
Nous avons débarqué en fin d'après-midi, et sommes descendus dans une belle pension de famille en plein à l'entrée de la vieille ville, juste derrière les murs de fortifications longs de près de 3 kilomètres. Le jardin intérieur était luxuriant, couvert d'arbre, de vigne en tonnelle et de fleurs parfumées inconnues. Les tables à thé basses au milieu des coussins foisonnants sur les kilims semblaient une invitation à de longues parties de backgammon. De nombreux oiseaux nichaient dans les arbres et chantent à pleine gorge dans de belles cages mauresques. La galerie couverte à l'étage donnait sur les 1000 coupoles de la ville. On avait envie de s'arêter là et d'y rester... Encore au dessus, un balcon donnait la vue sur tous les monuments de la ville: le beau minaret de briques recouvert de bandes de céramiques (chacune ayant une largeur et un décor propre, suivant la générosité et le goût du mécène), l'immense cylindre du minaret inachevé qui devait être le plus haut et permettre de voir Boukhara, dont chaque un centimètre carré est recouvert d'émail turquoise nuancée.
Nous n'avons pu résister à l'appel de la ville et sommes partis découvrir les ruelles à la nuit tombante. C'était un véritable musée en plein air, sans circulation, avec une petit vie tranquille hors du temps. La basse coupole turquoise unie du mausolée de Pahlavan Mahmud tronait au centre. Ce soir avant d'aller nous coucher nous avons joué au backgammon en sirotant du thé noir ("khora chaï", rappelant "khora koum" ou "kara koum", le nom du désert de "sable noir" Turkmène).
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