Le Commandant Ahmed Shah Massoud


L'opposition afghane annonce la mort de Massoud

DOUCHANBE (Tadjikistan), 15 sept (AFP) - L'opposition afghane a confirmé samedi le décès de son chef militaire, Ahmed Shah Massoud, "le lion du Panshir", mort des suites d'un attentat commis il y a une semaine.

Les principaux responsables de l'Alliance du nord sont réunis depuis samedi matin dans la vallée du Panshir (nord de l'Afghanistan) sous la direction de l'ancien président Burhanuddin Rabbani.

Le ministre des Affaires étrangères afghan, le docteur Abdoullah Abdoullah, le successeur désigné de Massoud, le général Fakhim, ainsi que des commandants militaires assistent à cette réunion.

La mort de Massoud a été confirmée par Rabbani qui a accusé le Pakistan, les taliban et le terroriste Oussama ben Laden, principal suspect des actes terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, d'avoir organisé l'attentat-suicide contre Massoud.

Le décès de Massoud, d'ethnie tadjike, avait auparavant été annoncé par des diplomates de l'opposition anti-taliban à Douchanbé (Tadjikistan) et à Moscou.

"Ces derniers jours, la santé de Massoud qui se trouvait dans un hôpital sur le territoire afghan s'est soudainement aggravée et il se trouvait vendredi dans un coma profond", a déclaré à l'AFP un diplomate de l'ambassade afghane à Moscou, sous couvert de l'anonymat. Massoud est mort vendredi soir, selon cette source, samedi, selon le président Rabbani.

Les blessures reçues lors de l'attentat de dimanche dernier se sont avérées "très sérieuses et ont débouché sur cette issue fatale", a ajouté ce diplomate.

Un groupe de journalistes devaient se rendre samedi depuis Douchanbé avec l'opposition au Panshir, le fief de Massoud, vraisemblablement pour assister à son enterrement.

Depuis vendredi, l'opposition avait commencé à préparer l'annonce de la mort de Massoud, reconnaissant que les médecins avaient "peu d'espoir quant à son rétablissement".

Des sources russes et américaines avaient peu après l'attentat déjà affirmé que Massoud était mort lors de son transfert dans un hôpital, une information que l'opposition avait démentie.

L'agence Afghan Islamic Press (proche des talibans au pouvoir à Kaboul) avait annoncé vendredi la première le décès en territoire afghan du chef militaire en citant des "sources informées", bientôt suivie par l'agence officielle iranienne IRNA, citant des "sources afghanes", c'est-à-dire proche de l'opposition.

Le sort de Massoud était incertain depuis dimanche à la suite d'un attentat-suicide à la caméra piégée perpétré par deux Arabes qui s'étaient fait passer pour des journalistes. La caméra avait explosé, tuant l'un des porte-parole de Massoud et les deux auteurs de l'attentat. Masood Khalili, ambassadeur d'Afghanistan à New Delhi, avait été grièvement blessé lors de cet attentat.

Le commandant Massoud dirigeait l'Alliance des forces du Nord, seule opposition armée structurée au régime islamiste intégriste des taliban, qui contrôle moins de 10% du territoire national, dont une seule des 32 provinces du pays, le Badakshan (nord-est).


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Funérailles du Commandant Massoud


Le Commandant Massoud a été enterré au Panshir

SARICHA (Afghanistan), 16 sept (AFP) - Le commandant Ahmed Shah Massoud, héros de l'Afghanistan, assassiné deux jours avant les attaques terroristes aux Etats-Unis, a été enterré dimanche à Saricha, dans sa vallée du Panshir, depuis laquelle il a résisté pendant de longues années aux soviétiques puis aux taliban.

Des dizaines de milliers de villageois émus se sont alignés sur les chemins poussiéreux du district de Bozarak pour rendre un dernier hommage au "Lion du Panshir".

Massoud, 49 ans, leader de l'Alliance du Nord, en lutte contre le pouvoir des taliban, avait succombé samedi à des blessures reçues lors d'un attentat-suicide commis par deux extrémistes arabes, le 9 septembre.

Son cercueil, recouvert d'un drapeau vert, blanc et noir, est arrivé dans la vallée par hélicoptère en provenance de la province de Takhar (nord-est de l'Afghanistan).

Quelques bousculades se sont produites lorsque des centaines d'hommes, criant "Allah akbar ("Dieu est grand"), se sont précipités pour toucher le cercueil ou jeter des fleurs.

Parmi les dirigeants présents: le général Fahim, successeur de Massoud, l'ancien président Burhanuddin Rabbani et Ahmed, le fils du commandant, âgé de seulement 13 ans, qui s'est engagé à reprendre le flambeau de la lutte anti-taliban.

"Je veux juste suivre le même chemin que mon père et obtenir l'indépendance de mon pays", a dit l'adolescent, d'une voix très claire. Les personnes autour de lui ont fondu en larmes. "Mon père voulait être un martyr, il a atteint cet objectif, mais pas au bon moment".

Effectivement, la mort de Massoud (49 ans) est tombée à un mauvais moment pour l'Alliance du Nord, qui comptait davantage sur son leader que sur la communauté internationale depuis le retrait soviétique.

Symbole de la résistance à l'occupation, le commandant tadjik était apparu ces dernières années comme le dernier rempart face aux taliban qui, à l'instar des forces de l'ex-URSS, n'étaient jamais parvenus à conquérir le Panshir.

Des drapeaux noirs étaient visibles sur pratiquement toutes les habitations et véhicules, qui arboraient également des photos de Massoud et des bannières à la gloire du "héros".

"Tu es le coeur de chaque Afghan", pouvait-on lire sous certaines photos.

M. Rabbani a lancé une violente diatribe contre la milice des taliban. Les taliban sont "sous le contrôle" du terroriste présumé Oussama ben Laden et sont "les créatures du Pakistan", a-t-il dit, ajoutant: "ils seront éliminés d'un coup, si Dieu le veut".

Parmi les grands absents de la cérémonie figuraient d'autres dirigeants de l'Alliance du nord, notamment le chef ouzbek Abdul Rashid Dostam, et Ismaël Khan, ancien gouverneur de la province de Herat (ouest de l'Afghanistan), de la même mouvance politique que Massoud (Jamiat-e-Islami).

Un mollah a lu la prière, grâce à un porte-voix, depuis la plate-forme d'une camionnette militaire, en présence d'une garde d'honneur de moudjahidine. Le soleil commençait à taper. Des femmes et des fillettes observaient la scène depuis les collines environnantes. De nombreux villageois se sont alors agenouillés en signe de respect pour le disparu.

Le cercueil, placé sur un affût de canon, a ensuite été remorqué lentement par un véhicule de transport de troupes blindé sur une distance de quatre kilomètres vers la colline où Massoud a été enterré.


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''Ils ont tué Massoud!''

C'est avec des larmes que l'on m'a appris la nouvelle, et c'est avec incrédulité que je l'ai accueillie. Le Commandant ne pouvait pas mourir! Le Commandant ne devait pas mourir! La légende du Lion invincible était tellement ancrée, que l'on avait oublié qu'il pouvait nous quitter.

Les armes qui l'ont atteint sont la traîtrise et la lâcheté, que certains font passer pour de l'audace et du courage. Les mêmes armes qui ont tué tant d'innocents d'Algérie en Amérique. Ceux qui se battent avec ces armes sont des faibles à l'esprit malade, qui cultivent et exploitent l'ignorance et la foi des masses au mépris de la Parole de Dieu.

Mais le doux Lion du Panshir restera toujours avec nous comme un modèle. J'espère simplement que les générations à venir le reconnaîtront à sa juste valeur, puisqu'avec nos yeux et nos oreilles nous en avons été incapables de son vivant.





Exode en Asie Centrale




Désolation en Amérique



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